Le 11 décembre 1872, devant Isidore Sagols maire de Banyuls-sur-Mer, se présente Léon Sagols capitaine au long cours âgé de 33 ans, venu déclarer la naissance la veille du fils qu'il a eu avec sa femme Marthe Douzans, et auquel il a donné les prénoms de Léon, Hyacinthe.
Alors qu'il est âgé de 20 ans, le 22 octobre 1893, Léon se rend au bureau recruteur du 5ème arrondissement de Paris, afin de signer un engagement de 3 ans auprès de l'armée de terre. Son contrat signé, il devient un "pipo", c'est-à-dire qu'il est envoyé en qualité d'élève à l'Ecole polytechnique, aussi connue sous le nom de l'"X". Cette entrée dans l'une des plus prestigieuses hautes écoles françaises, indique qu'il possède déjà son baccalauréat ainsi qu'un solide bagage en mathématiques et en sciences physiques. En effet, fondée le 07 véndémiaire an III (28 septembre 1794) l'école polytechnique a pour mission de former des ingénieurs. En 1804, Napoléon Bonaparte donne à l'école un statut militaire et fait renforcer l'enseignement des mathématiques. Sous le IInd empire, l'école cesse progressivement d'être un laboratoire scientifique pour s'imposer comme un espace de production de la "noblesse d'État", tout en étendant son emprise sur la gestion des appareils industriels, sans jamais perdre de vu sa fonction de formation militaire.
Après 2 années d'études, et son diplôme de l'"X" en poche, le 1er octobre 1895, Léon intègre logiquement l'école d'application d'artillerie et du génie, avec le grade de lieutenant-élève. En effet, depuis la loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795), il est obligatoire de passer par l'École polytechnique pour rentrer dans l'une des écoles d'application. L'École polytechnique dispense une formation théorique et générale, tandis que les écoles d'applications assurent la mise en pratique et la spécialisation. Pour faire de l'artillerie une arme à la pointe de la technologie, Louis XV prend une ordonnance royale le 05 février 1720, afin de créer, sur le modèle de celle déjà existante dans la ville de Douai, 4 nouvelles écoles royales d'artillerie dans les villes de La Fère, Strasbourg, Grenoble et Perpignan. En 1794, le Comité de Salut Public regroupe toutes les écoles régionales en une seule située à Paris. En 1804, Napoléon Bonaparte en fait la principale école d'application de l'école polytechnique, avant de la délocaliser en 1807 dans la ville de Chalon en Champagne. En 1871, après l'occupation et l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, le gouvernement français installe l'école d'application d'artillerie et du génie dans la ville de Fontainebleau dans le département de la Seine-et-Marne.
Après 2 années d'études, et son diplôme d'ingénieur es artillerie en poche, le 1er octobre 1897, Léon est versé avec le grade de lieutenant en second, dans le 2ème régiment d'artillerie de marine basé dans les villes de Cherbourg et de Brest. Les régiments d'artillerie de marine sont destinées à être embarquées sur les navires pour y servir l'artillerie, et sont également chargés de la défense et de la garde des ports.Tout au long du XIXème siècle, l'expansion coloniale conduit les marins et les soldats de marine à combattre côte à côte comme en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique et l'Afrique de l'Ouest. Les troupes de marine ont pour tâches essentielles d'assurer la présence française dans les colonies françaises.
Durant les années 1890, le ministère des Colonies est séparé de celui de la Marine. Se pose alors la question du rattachement des troupes de la Marine, qui ne servent pratiquement plus qu'aux colonies. Elles sont finalement rattachées par la loi du 7 juillet 1900, au département de la Guerre et prennent le nom de troupes coloniales. Le corps d'armée colonial se compose des indigènes recrutés et formés dans leur pays, et d'Européens détachés par petits groupes selon le principe du "tour colonial", aux colonies où ils sont utilisés soit en unités "blanches" (malgré la réduction progressive de ces unités), soit pour l'encadrement de troupes indigènes recrutées sur place (tirailleurs, cipayes…), comme ce fut le cas pour VILAREM Alexandre (1849-1915), PAGES André (1859-1912), SAGOLS Georges (1864-1903), et BASSERES Jean (1877-1914). Le 10 janvier 1899, Léon est versé dans le "Groupe d'Afrique des Antilles à Madagascar", et comme son compatriote SAGOLS Georges (1864-1903) 6 ans plus tôt, il s'embarque pour l'île de Madagascar devenue une colonie française deux ans plus tôt. Le 12 décembre 1899, il est promu Lieutenant en 1er, et le 4 juillet 1900 il accède au grade de capitaine en second. A une date que les archives n'ont pas encore révélée, lui est décerné la médaille coloniale agrafée Madagascar.
Le 29 mars 1901, après 2 années passées à Madagascar, Léon regagne la métropole afin de réintégrer le 2ème régiment d'artillerie de marine renommé entre-temps le 2ème régiment d'artillerie coloniale. Le 12 juin 1901, alors qu'il est âgé de 28 ans, il retrouve l'école polytechnique dans laquelle il occupe la fonction d'"Inspecteur des études". Poursuivant son ascension, le 05 juillet 1902, il est "Classé à l'état-major particulier", c'est-à-dire qu'il intègre le groupe d'officiers chargé de conseiller le président dans les affaires touchant à l'armée. Cette affectation est recherchée car elle permet de nouer des contacts dans les milieux politiques parisiens qui peuvent faciliter une carrière militaire. Après 2 années passées à la maison militaire du Président de la République, et comme son compatriote BASSERES François (1863-1949) 4 ans auparavant, le 20 septembre 1904 Léon intègre en qualité d'élève, l'école supérieure de guerre, le plus haut établissement français d'enseignement militaire destiné à former des officiers d'état-major et des officiers généraux. Le 25 mars 1906, il est promu au rang de capitaine en 1er.
Sa formation achevées, le 27 janvier 1908, Léon intègre l'état-major de l'Afrique Occidentale Française (A.O.F.). Cette nouvelle entité territoriale créée le 16 juin 1895, regroupe en 1908, 7 pays conquis par la France : le Sénégal, le Haut-Sénégal (ancien Soudan français devenu le Mali), le Niger, la Mauritanie, la Guinée, la Côte-d'Ivoire et le Dahomey. L'état-major est un groupe d'officiers chargé de conseiller le gouverneur en charge d'administrer la totalité du territoire de l'A.O.F., et d'en développer l'économie, les infrastructures et les services publics (voir la carrière de VILAREM Jean (1862-?) commis principal des poste au Dahomey en 1892-1893).
Après 2 années passées à l'état-major de l'A.O.F., Léon regagne la métropole le 16 mai 1910, afin d'être versé dans le 3ème régiment basé dans la ville de Nîmes. Il y reste peu, puisque 2 mois plus tard, le 09 juillet, il est appelé au ministère de la guerre, afin d'intégrer la division des troupes coloniales. Le 27 mars 1913, il est promu au grade de chef d'escadron.
La 1ère Guerre mondiale déclarée, et alors qu'il est âgé de 41 ans, Léon est versé dans le 1er août 1914 dans le 3ème régiment alors encaserné à Marseille. Le temps d'arriver, il est aussitôt muté 2 jour plus tard dans le 3ème régiment d'artillerie coloniale. Avec son régiment, il va ainsi participer à La bataille des frontières, à La bataille de la Marne et à La course à la mer. Le 10 novembre 1914, il est appelé pour intégrer l'état-major du 34ème corps d'armée. Et le 02 février 1915, il passe à l'état-major du gouvernement de la place forte de la ville d'Epinal. Le 10 avril 1915, il est admis dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur avec le rang de Chevalier. Le 23 septembre 1915, il intègre l'état-major du 3ème corps d'armée. Le 16 septembre 1916, il est versé dans le 104ème régiment d'artillerie lourde qui oeuvre durant La bataille pour défendre Verdun, avant d'être déployé sur Le chemin des Dames. Le 27 août 1917, il rejoint l'état-major du 20ème corps d'armée. Le 14 septembre 1917, il est cité à l'ordre de sa division. Le 1er mars 1918, il est versé dans le 270ème régiment d'artillerie de campagne, puis il est envoyé le 08 mai dans le 103ème régiment d'artillerie lourde. Le 20 juin 1918, il est cité à l'ordre de l"armée. A une date que les archives n'ont pas encore livrée, il reçoit la Croix de guerre.
Le 11 juillet 1918, Léon est versé dans l'armée française d'orient qui combat en Europe orientale depuis 1915. Aussitôt arrivé en Serbie, le 23 août 1918, il est muté dans l'artillerie lourde du 1er groupe de division. Avec la 2ème armée serbe, le 1er groupe de division est engagé le 15 et 16 septembre dans la bataille du Dobropolie. Le 24 septembre, ils parviennent à franchir la frontière nord de la Macédoine. Le 16 novembre 1918, il est intégré dans l'état-major de la 17ème division. Le 05 novembre 1919, il rejoint l'état-major des troupes françaises de Macédoine. Pour son engagement dans l'armée française d'orient, et à des dates que les archives n'ont pas encore livrées, il est admis dans l'Ordre de l'Etoile de Karageorge de Serbie avec le rang de Commandeur, et il reçoit la Croix de guerre hellénique.
Le 24 mars 1920, Léon revient en métropole, afin d'être intégré dans le 10ème régiment d'artillerie lourde hippomobile coloniale. Le 1er novembre 1921, alors qu'il est âgé de 48 ans et qu'il comptabilise une carrière longue de 28 ans, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite. Le 23 janvier 1922, il est inscrit en qualité d'officier de complément (= de réserve). Et, le 09 mai 1922, il est élévé au rang d'Officier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur.
Merci Léon pour ton engagement. Nous sommes fier d'oeuvrer pour faire vivre ta mémoire ; Léon à nous le souvenir, à toi l'immortalité
Pour lire le dossier conservé dans les archives de la Grande Chancellerie, suivez le lien ci-dessous :