Une matinée dans les rues Dugommier et Saint Jean-Baptiste dans les années 1940
L'historien se retrouve toujours limité par son cadre de travail. Tributaire des seules sources, des pans entiers de la période qu'il étudie, lui restent inaccessibles. Sur la seule lecture des documents conservés, c'est toujours une tentative hasardeuse de restituer l'ambiance d'une époque, avec ses bruits et ses odeurs, les ressentis et les émotions qui naissent à son contact et qui la façonnent. Ce qu'il manque cruellement à l'historien enfermé dans ces sources par sa nécessaire méthode, c'est de humer "l'air d'un temps disparu".
Parfois, émerge alors au détour d'un événement... comme une exposition sur Soeur Sylvie par exemple, un témoignage qui nous permet de ressentir et d'imaginer ce temps d'avant qui n'est plus. Ainsi, M. Jean-Pierre Campadieu s'est replongé dans ses souvenirs d'enfance, pour nous partager une parcelle de son quotidien d'enfant banyulenc dans les années 1940. Ce qu'il nous donne à voir et à entendre, est un moment de la vie des rues Dugommier et Saint Jean-Baptiste, quelques années avant que Soeur Sylvie ne transforme les "ruines Campadieu" à la fois entrepôt de stockage de vin et écurie, en maison religieuse baptisée "la maison d'accueil Saint-Joseph".
Laissons donc la parole à M. Jean-Pierre Campadieu : "(...) J'ajouterai concernant les deux photos de la cour débarras que cette dernière jouxtait le bâtiment couvert, visible sur les photos, dans lequel se trouvaient les foudres de mes parents et effectivement un coin étable dédié à l'équidé que de nombreuses familles possédaient à l'époque pour assurer les travaux viticoles, les voisins, les frères Azéma avaient aussi un mulet assez rétif parce qu'en été à l'aube j'étais réveillé chaque jour par les cris du grand oncle de Pascal qui essayait de stimuler son animal après avoir sorti la charrette en ahanant fort car le seuil de la porte de sa cave était surélevé. C'était ensuite la cérémonie (avec commentaires) de l'enroulement de la faixa autour de la taille de l'oncle Azéma, tenue par sa belle-sœur pendant que ce dernier effectuait plusieurs tours sur lui-même. Enfin le dernier cri faisait démarrer l'attelage dont les roues ferrées de la jardinière résonnaient encore un moment.
Ceci durait bien une bonne demi-heure puis la rue retrouvait son calme mais cela durait peu car dès 7 heures Rosine Azéma apparaissait à sa fenêtre et tenait à voix très haute avec ses voisines, elles même à leurs fenêtres à plusieurs dizaines de mètres, une conversation interminable en catalan bien sûr ! J'étais jeune, je me rendormais ! (...)"
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Nous remercions M. Jean-Pierre Campadieu de nous avoir ouvert la fenêtre de sa chambre d'enfant, pour nous donner à voir et à entendre la vie dans les rues Dugommier et Saint Jean-Baptiste, au temps d'avant-hier ... une époque si proche et pourtant déjà lointaine.
Pour découvrir l'histoire des "ruines Campadieu" avant l'arrivée de Soeur Sylvie, suivez le lien :