Jean naît dans le village de Lectoure (Gers, 32), le 10 avril 1769, fils de Jean Lannes marchand agricole et cultivateur, et de Cécile Fouraignan. Il est le cinquième enfant d'une fratrie de six (il a quatre frères et une sœur). Par manque de moyens financiers, durant son adolescence, ses parents sont obligés de le retirer de l'école, pour le placer en apprentissage chez un teinturier.
Au début de l'année 1792 alors qu'il est âgé de 23 ans, il décide de se ranger aux côtés de la Révolution en s'engageant dans le 2e bataillon de volontaires du Gers, avec le grade de sergent-major donnant droit au versement d'une solde de 20 sous par jour (soit 10 € par jour), l'équivalent de "6 livres de pain neuf" c'est-à-dire la consommation journalière d'une famille paysanne.
Composé de 500 hommes répartis en 10 compagnies, le bataillon est commandé par 3 officiers (1 colonel et 2 lieutenants-colonels). Pour commencer son instruction, le bataillon est envoyé au camp du Mirail près de Toulouse. La période d'instruction achevée, Jean est élu sous-lieutenant des grenadiers par ses camarades, avec une solde de 45 sous par jour (soit 22,50 € par jour).
Le jeune sous-lieutenant versé dans l'armée des Pyrénées orientale, mai-septembre 1793
Suite à la déclaration de guerre lancée par la France au royaume d'Espagne, le 30 avril 1793 la division de l'armée des Pyrénées est scindée en 2 corps d'armées : l'armée des Pyrénées orientales et l'armée des Pyrénées occidentales. À la mi-mai 1793, le bataillon de Jean est affecté à l'armée des Pyrénées orientales déjà engagée dans la guerre du Roussillon.
Malgré le déployement rapide de l'armée des Pyrénées orientales, dès la fin du mois de mars 1793, les troupes espagnoles ont franchi la frontière et ont envahi le sud du département. Aussitôt arrivé, le jeune sous-lieutenant Jean-Lannes se fait remarquer au poste de Saint-Laurent-de-Cerdans. À peine installé sur sa position, le 2ème bataillon des volontaires du Gers est délogé, puis mis en fuite par les Espagnols. Jean, dont c'est le baptême du feu, les harangue avec ardeur et réussit à rallier les fuyards pour retourner à l'offensive. Surpris, les Espagnols sont culbutés.
Il montre la même ardeur dans la suite des opérations, notamment lors de la bataille de Peyrestortes. Après une semaine de combat, les troupes françaises parviennent à stopper l'avancée des troupes espagnoles vers le nord, et à faire cesser le siège de la ville de Perpignan. Suite à son engagement dans les combats, Jean est élu lieutenant par ses camarades le 25 septembre 1793, avec une solde de 60 sous par jour ( soit 30 € par jour).
Le lieutenant aguerri au coeur de la bataille du col de Banyuls, 26 octobre 1793
Au début du mois d'octobre 1793, le 2ème bataillon des volontaires du Gers reçoit l'ordre de rejoindre la forteresse de Collioure et de se mettre sous les ordre du Commandant la place, le général Louis DELATTRE. Le 21 octobre Jean est élu capitaine par ses camarades, avec une solde de 75 sous par jour (37,50 € par jour). Le 25 octobre 1792, sous le commandement du général Louis Delattre et du consul Claude Fabre, 6 000 hommes, dont le 2ème bataillon des volontaires du gers, quittent la forteresse de Collioure. Leur objectif : franchir la frontière par le col de Banyuls, pour entrer en Espagne afin de mettre le siège devant la ville portuaire de Rosas.
Le 25 octobre au soir, la troupe installe son bivouac sur la plage du Voramar logeant le village de Banyuls-sur-Mer, pendant que le général Delattre et le consul Fabre organisent la réquisition contre paiement en Assignat des vivres et des animaux de trait dans les étables, les celliers et les greniers banyulencs. Les Banyulencs restent suspicieux devant ce papier monnaie. Préférant la monnaie métallique dite numéraire, ils protestent énergiquement lorsqu'il est question d'échanger leurs biens (nourriture et bêtes) contre une monnaie papier dite fiduciaire, dont la valeur ne cesse de baisser (- 60% en 3 ans). D'ailleurs, Claude Fabre prend un arrêté le 12 septembre 1793, afin de lutter contre les émissions de faux assignats, dans le but de maintenir le cours de la monnaie papier émise par le Gouvernement.
Source : B.N.F., base de données "Gallica", dossier n° 12510859 : Claude-Dominique-Cosme Fabre, Arrêté du 12 septembre 1793, portant sur le cours forcé des assignats, disponible à l'adresse suivante https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6266185n/f6.image, consulté le 9 juillet 2020.
De plus, d'une manière qui ne souffre pas la contestation, le général Delattre et le consul Fabre demandent aux habitants de leurs prêter main forte. Ainsi le consul Claude Fabre prend un arrêté qui interdit les certificats médicaux de complaisance : Lorsque la Ière République en guerre luttait contre les certificats médicaux de complaisance. Répondent alors à l'appel 60 équipages de barques banyulencques (pour une estimation comprise entre 120 et 240 marins) et 200 villageois armés. Il reste d'ailleurs quelques uns de ces fusils précieusement conservés dans les caves et greniers banyulencs par les familles banyulencques : Un fusil ayant participé aux batailles du col de Banyuls ?
Pour comprendre l'arrivée des troupes françaises dans le village de Banyuls-sur-Mer et l'aide apportée par les habitants, regardez la vidéo ci-dessous :
Au matin du 26 octobre 1793, couverts par la flotille banyulencque et la troupe supplétive terrestre composée de 200 Banyulencs, les troupes françaises parviennent à défaire le petit détachement espagnol posté sur la frontière au col de Banyuls, puis à fondre sur le village espagnol d'Espolla.
Pour comprendre le déroulement de la 1ère bataille du col de Banyuls qui se déroule le 26 octobre 1793, regardez la vidéo ci-dessous :
Enfermée dans le village d'Espolla et bien protégée par ses encore puissantes murailles médiévales, la garnison de 1 400 soldats espagnols en charge de la surveillance de la frontière, parvient à tenir tête aux 6 000 soldats français qui mettent le siège devant la ville.
Pour comprendre le siège d'Espolla qui se déroule du 26 octobre au début du mois de décembre 1793, regardez la vidéo ci-dessous :
Les troupes françaises alternent entre bombardement et assauts afin de faire tomber les défenses et s'emparer de la ville. Le 30 octobre 1793, durant l'un de ces assauts, le capitaine Jean Lannes voit son bras gauche traversé par une balle espagnole. La gravité de sa blessure conduit à son rappatriement vers l'hôpital général de Perpignan, installé depuis le XIIème S. dans l'enceinte médiévale de la ville.
Soigné, il reçoit un billet de logement pour se faire héberger chez la famille Méric "un négociant droguiste banquier de Perpignan qui avait donné depuis le commencement de la guerre de nombreuses preuves d'un patriotisme actif » selon les mots du général Thoumas. Jean rencontre ainsi la fille du couple, Jeanne Josèphe Barbe Méric. Le coup de foudre entre la jeune fille et le leune officier semble être réciproque.
Le chef de brigade et ses charges intrépides, décembre 1793- juillet 1795
Le 23 décembre 1793, alors qu'il est toujours en convalescence dans la maison de la famille Méric, rue des Cases Cremades (l'actuelle rue de l’Incendie), Jean reçoit une missive du général Basset dont les troupes tentent de déloger les espagnols installés dans la ville de Villelongue : "Mon cher ami, je sais que ta blessure va mieux, et qu'elle peut te permettre de monter à cheval. J'ai besoin de toi." Répondant à l'appel, le lendemain Jean à la tête de 500 grenadiers parvient à prendre la redoute qui protégeait la ville de Villelongue et les 19 canons dont elle était pourvue. Le surlendemain, revenu dans la maison Méric à Perpignan, Jean reçoit sa promotion au grade de chef de brigade afin de remplir les fonctions d'adjudant-général.
Durant l'année 1794, à la tête des 1er et 2ème bataillons des volontaires du Gers, il participe à la 2nde bataille du Boulou, puis il intègre l'expédition du corps de Cerdagne. Il parvient à dégager le général Lemoine et ses troupe durant le combat de Ripoll. Dans la foulée, Jean reçoit le grade de colonel. Le 19 mars 1795, il épouse Jeanne Méric, avant de partir en opérations à Figueres à la tête de la 105ème demi-brigade, composée des 1er et 2èmes bataillons des volontaires du Gers et du 1er bataillon du 53ème régiment de ligne. La signature du traité de Bâle (22 juillet 1795) entérine la victoire de la France et la paix avec l'Espagne. Intégrée dans la division du général d'Auguereau, Jean et sa demi-brigade reçoivent l'ordre quitter l'armée des Pyrénées orientales pour rejoindre l'Armée d'Italie.
Le colonel remarqué et le maréchal d'Emprire honoré, avril 1796- mai 1809
Remarqué le 15 avril 1796, durant la Bataille de Dego, où il s'illustre dans un combat acharné à la baïonnette pour la prise de la ville, Jean est nommé par Bonaparte à la tête des 6ème et 7ème bataillons de grenadiers, ainsi que du 4ème bataillon de carabiniers ; bataillons qui tiennent la tête de l'avant-garde de l'infanterie.
De 1796 à 1809, Jean participe à toutes les campagnes menées par Napoléon Bonaparte :
De 1799 à 1809, pour son engagement sans faille, Jean reçoit les titres de maréchal d'Empire et de duc de Montebello et de l'Empire, le commandement de l'armée des côtes de l'Océan, le grade de Colonel général des Suisses et Grisons, ainsi que les plus hautes distinctions françaises.
Source : Ministère de la Culture, Base de données "Léonore", Dossier n° LH/1472/39 : dossier LANNES Jean (1769-1809) , librement disponible sur http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH095/PG/FRDAFAN83_OL1472039V003.htm, consulté le 09 juillet 2020
Son décès et la reconnaissance de la Nation, mai 1809- juillet 1810
Le 21 mai 1809, lors de la Bataille d'Essling, un boulet de trois livres vient frapper les genoux de Jean. Sa rotule gauche est brisée, les os sont fracassés, les ligaments, déchirés, les tendons coupés et l'artère poplitée est rompue. Quant à la jambe droite, le mollet est déchiré. Transporté sur l'île Lobau, il y est amputé de la jambe gauche. Dans la matinée du 23 mai, on le transporte sur la rive droite du fleuve, afin de l'installer dans une des maisons du village d'Ebersdorf.
Durant quatre jours, son état paraît satisfaisant, et il parle déjà de se faire fabriquer une jambe artificielle. Mais dans la nuit du 27 au 28, il est pris brutalement de fièvres et de délires. Son état s'aggrave et aucun des médecins présents ne peut le sauver de la gangrène qui s'est déclarée. Le 29 mai, Napoléon, extrêmement affecté, reste une demi-heure au chevet de son ami, qu'il sait désormais condamné. Jean Lannes meurt le 31 mai au matin, à l'âge de 40 ans. Prévenu, l'Empereur arrive peu après. Il déplore : "Quelle perte pour la France et pour moi !"
Premier maréchal de l'Empire frappé mortellement sur un champ de bataille, Jean est ramené à Strasbourg. Le 22 mai 1810, jour anniversaire de la bataille d'Essling, le char qui porte son cercueil arrive dans la cathédrale, où, après l'office et le Requiem de Mozart, il est confié au détachement qui l'emmène à Paris. Le cortège reçoit les honneurs de toutes les places qu'il traverse, et arrive à Paris le 2 juillet.
Le cercueil est déposé sous le dôme des Invalides, où est célébrée une messe. Les maréchaux Sérurier, Moncey, Davout et Bessières veillent le catafalque, avec quatre invalides de combats où Lannes avait commandé. Le 6 juillet 1810, jour anniversaire de la bataille de Wagram, le corps est inhumé au Panthéon. Le cortège comprend la cavalerie, commandée par le général Saint-Germain, puis l'infanterie, menée par le général Claparède, suivie de l'artillerie, sous les ordres du général d'Aboville et fermant le cortège de la troupe, le général Andréossy qui commande le génie. C'est le maréchal Davout, devenu prince d'Eckmühl, qui lit le discours lui rendant hommage.
Ainsi, Jean Lannes l'un des plus fidèles maréchaux de Napoléon Bonaparte, a-t'il commencé son apprentissage du métier des armes dans le département des Pyrénées-Orientales, de 1793 à 1795 lors de la Guerre du Roussillon. Ainsi, le jeune lieutenant qu'il était alors, a-t'il participé à la 1ère bataille du col de Banyuls le 26 octobre 1793, et a-t'il reçu sa 1ère blessure sur le champ de bataille, le 30 octobre 1793 durant le siège de la ville d'Espolla.
Merci Jean pour ton engagement, nous oeuvrerons à faire vivre et à transmettre ta mémoire.
Jean à nous le souvenir, à toi l'immortalité.